Alors que ce qui reste de la Manif pour tous maintient artificiellement la pression sur le gouvernement et sur l’UMP, la famille est au cœur de plusieurs débats récents.
Un billet d’humeur de Vincent Soulage qui lance quelques coups de projecteurs pour ne pas se laisser obnubiler par le dernier sujet à la mode. Et se rappeler que les positions sont parfois surprenantes.

Ce souhait, exprimé à la première Manif pour tous, aurait-il été exaucé ? (Valls a été conseiller de Jospin)
On nous dit que la Manif pour Tous se mobilise ce week-end. Mais en réalité, ceux qui vont aller arpenter le pavé samedi ne sont que la frange la plus conservatrice de la mobilisation anti-mariage pour tous.
Pas besoin de manif contre la GPA
Officiellement, il s’agit de défendre la famille et de s’opposer à la GPA. En réalité, il s’agit de consolider la mobilisation de la droite réactionnaire pour peser sur les évolutions en cours à l’UMP. Sarkozy n’a d’ailleurs pas encore annoncé de doctrine par rapport au mariage homosexuel (maintien de la loi, remplacement par un contrat civil, suppression pure et simple…). Mais la candidature de Mariton a vocation à faire de ce sujet une pomme de discorde au sein du grand parti de droite.
Le gouvernement de gauche lui a bien essayé de déminer le terrain. On savait depuis longtemps que Hollande et une partie de sa majorité est fermement opposé à la GPA et réservé sur la PMA. Manuel Valls vient d’exprimer très clairement la position gouvernementale sur le sujet par une interview dans La Croix. L’objectif est clair : convaincre les catholiques des bonnes intentions du gouvernement.
La décision de la CEDH sur la reconnaissance des GPA réalisée à l’étranger est certes une mauvaise nouvelle, mais elle n’est en rien surprenante : elle est conforme au droit international et à l’intérêt des enfants (qui ne sont pas responsables si leurs parents ont fraudés). De plus, elle reste encore à transcrire. Transcrire dans des conditions qui font débat.
Dans un climat généralisé d’Hollande bashing, on peut au moins reconnaitre au président une constance dans ses positions depuis son élection : oui au mariage homo, non à la GPA, la PMA doit se discuter (je reconnait que les positions ont pu être plus variable durant la campagne). Même au sein des écologistes, toujours suspectés d’être de parfaits libertaires, les sujets sociétaux font désormais débat.
Ce qu’il faut défendre, c’est la politique familiale
Là où le gouvernement fait une grosse erreur, c’est quand il faut faire faire des économies à la Sécu en rognant sur la politique familiale. Mais, une fois n’est pas coutume, ce sont les parlementaires de gauche qui sont en train de faire évoluer les mesures pour qu’elles continuent d’aider les familles, et surtout les familles populaires. Et ils reçoivent le soutien de nombreux syndicats (pas seulement de la CFTC) alors qu’en face le patronat ne rêve que de travail du dimanche.
Cet éternel serpent de mer resurgit avec du côté des libéraux. Voir le MEDEF demander sa libéralisation est si habituel que c’est un non-évènement. Mais la position gagne régulièrement des partisans à droite, Sarkozy venant (une fois de plus) de la reprendre à son compte. N’y a-t-il pas comme une contradiction à prétendre soutenir les familles et autoriser le travail du dimanche ? (Patrick Pique en a déjà bien parlé)
Un sondage récent affirme qu’une grande majorité de français (72%, et même 62% des gens de gauche) est favorable au travail du dimanche… des autres. Les sondeurs (tous les détails) se sont bien gardés de demander aux français s’ils étaient disposés à travailler le dimanche. Car il faut bien qu’eux-mêmes puissent profiter de ces journées de non-travail pour aller consommer. Encore le bon vieux principe NIMBY (not in my backyard = pas dans mon jardin).
Voir un axe PS-syndicats-épiscopat s’opposer au binôme UMP/MEDEF est toujours plutôt plaisant à vivre.
